Penser la pratique (2011)

Ce texte reproduit en la développant une intervention du 2/03/2011, au DUAPr 1

La pensée s’est constituée par sauts successifs, de l’homéostasie à l’anticipation puis à la représentation et enfin à l’ordre de la langue, aboutissant à sa fonction d’équilibrage entre le pulsionnel, le narcissisme, et l’inscription dans l’échange symbolique généralisé qui constitue l’espace social. Mais elle est aussi un avatar de la relation d’objet en tant que long effort, toujours mis en échec, pour dissocier l’amour de la mort. Elle prend sa place dans le travail d’accès à l’identité, comme création interminable de soi.

La pratique, qui est la pensée faite acte, est un cas particulier de cette création de soi indissociable de la trame sociale où chaque sujet s’inscrit. Mais les sociétés réelles, plurielles, historiques, contradictoires, sont bien différentes de l’espace symbolique intemporel et cohérent postulé par l’inconscient. D’où le compromis d’un repli sur des espaces d’alliances, unifiés autour de partialités fondatrices.

Au-delà de ces pratiques « primaires », émergent, dans le cadre des dispositifs institutionnels, des pratiques « secondaires », identifiables dans la division sociale du travail. Et parmi elles, les pratiques spécifiques du « travail social » au sens large, où opère majoritairement l’analyse de la pratique. C’est sur les spécificités de cette dernière que se conclut le texte.

1- Diplôme universitaire d’analyse de la Pratique de l’Université Lyon 2. 

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L’institution soigne-t-elle ? (1997)

L’institution comme espace pour le travail de remaniement psychique 

Ce texte reprend et met à jour une intervention auprès d’un groupe de professionnels « soignants » d’un grand hôpital psychiatrique de Lyon. La question qui m’avait été transmise était énoncée : “l’institution soigne-t-elle? ».

Tenter de répondre à la question supposait d’abord d’en clarifier les termes.

Dans son contexte, le mot « institution » désigne couramment les établissements et services voués à la réduction de la mésinscription. Les positions pré-oedipiennes sont systémiquement dominantes dans sa structure.

En revanche, l’usage du mot « soigner » se révèle si surdéterminé qu’il doit être contourné pour retrouver les véritables tenants et aboutissants de la question.

Après ce détour critique, c’est dans une perspective psychanalytique que la question devient : en quel sens l’institution favorise-t-elle l’alliance entre les praticiens qui y oeuvrent, et le travail psychique des objets de leur pratique tentant, comme tout le monde, d’advenir comme sujets, c’est-à-dire d’introduire plus d’unité dans le chaos des pulsions ?

Ce sont les liens transférentiels qui servent de ce cadre à cette alliance. Même si leur destin diffère de celui qu’induit le cadre de la cure analytique.

Si l’institution en elle même ne participe nullement à cette alliance, elle est un objet fantasmatique qui se prête puissamment aux projections transférentielles – outre que son organisation peut plus ou moins laisser d’opportunités au jeu des transferts croisés entre praticiens et objets de pratique .

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La psychologie empêtrée dans l’Université du 20e siècle (2004)

Pour situer le texte: ce texte reproduit des extraits du livre La formation en psychologie. Filiation bâtarde, transmission troublée, édité aux Presses Universitaires de Lyon ①.

La « scientificité » étant devenue le seul critère d’accès à la dignité d’un savoir académique, le sens du mot doit être élargi indéfiniment pour permettre à tout ce qui s’enseigne à l’Université d’y accéder. Ainsi ont proliféré de nombreuses « sciences grises » dont il n’existe aucun critère commun décidable de scientificité.

Parmi elles, la psychologie occupe une place à part qui en fait l’enfant honteux de l’Université. Assemblage hétéroclite de discours autonomes, elle ne doit son unité qu’à la requête sociale qui la fait exister. Mais ce qui est attendu d’elle est la possession d’un Savoir mythique recouvrant d’un manteau de Noé l’impensable de la mésinscription : une requête impossible à satisfaire rationnellement. D’où une contradiction congénitale, qui culmine dans la sous-discipline nommée « psychologie clinique ». 

. On peut se procurer ce livre à l’adresse http:// presses.univ-lyon2.fr/produit.php?id_produit=9

La Formation à Partir de la Pratique : un objet institutionnel singulier et improbable, comme affleurement d’une contradiction tenace (2004)

Ce texte reproduit un extrait du livre La formation en psychologie. Filiation bâtarde, transmission troublée, édité aux Presses Universitaires de Lyon ①. On peut se procurer ce livre à l’adresse http://presses.univ-lyon2.fr/produit.php?id_produit=9
Rédigé pour sa plus grande part par l’équipe de la Formation à Partir de la Pratique (FPP) il vise à théoriser la pratique de ce régime original des études de psychologie, en le situant par rapport à l’histoire et aux spécificités de la formation universitaire à la psychologie en France.


Cet extrait s’attache en particulier à comprendre ce que l’association entre la singularité et la pérennité② de ce dispositif, révèle en creux des contradictions inhérentes au contexte historique dans lequel il a surgi. Il essaie pour cela de décrire comment à partir d’une « convocation » particulière, il s’est développé de façon souvent inattendue, se coulant dans la
place (jusqu’ici) stable que lui permettaient ces contradictions, de la même façon qu’une espèce vivante dr troouve un biotope qui lui convient, tout en s’y adaptant.


Les renvois aux autres parties du livre dont est extrait ce texte ont été reproduites sans modification, mais elles ne sont pas indispensables à sa compréhension.

① La formation en psychologie. Filiation bâtarde, transmission troublée, P. MERCADER ET A.-N. HENRI (dir.), Lyon, PUL 2004
② Une improbable durée: Vie et mort des objets institutionnels improbables in Actes de la 3e Biennale régionale de la recherche en Action Sociale , PFRAS-CCRA Lyon 10/2011 pp. 39-44

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La FPP expliquée au reste de l’université (1992-1998)

Sous ce titre sont rassemblés deux textes, reproduits avec quelques aménagements de pure forme :

Une contribution à un groupe de travail qui a fonctionné à une date imprécise (entre 1992 et 1998), au niveau de l’université Lumière Lyon 2, sur la Validation des Acquis Professionnels pour l’entrée à l’Université.


Une interview menée par Claude BURGELIN en 1998, en vue d’un article dans le Rayon vert, bulletin d’information interne de cette même université. Cet article ayant été, faute de place, réduit à sa plus simple expression, il a
été jugé plus pertinent de reproduire ici l’enregistrement de l’interview.

À noter que cette intervex portait également sur la trajectoire personnelle d’Alain-Noël HENRI. Cette partie en a été détachée et sera fondue avec d’autres interviews, en l’état largement redondantes, pour une mise en ligne ultérieure.

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A propos des épreuves de déception après des jurys FPP (1996)

Ce texte articule deux réponses faites en ma qualité de responsable de la FPP; en 1995 et 1996, à deux lettres d’étudiantes manifestement traumatisées par leurs passages en jury. J’en recevais régulièrement et me suis toujours refusé à être érigé en instance de recours, voire d’appel – ne voulant pas porter atteinte au principe de la souveraineté
des jurys, ni surtout être érigé en supérieur hiérarchique des responsables des groupes FPP. Les réponses ici publiées m’ont paru soulever des questions de fond dépassant les cas particuliers.
En en publiant ici des extraits, après plus de vingt-cinq ans, j’espère avoir respecté l’anonymat de leur destinataire.

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“En guise d’introduction…” brochure psychologie (1979)

J’ai raconté ailleurs ① comment je me suis trouvé, en 1978, propulsé par surprise et par défaut à la direction de l’UER de Psychologie et Sciences Sociales de l’université Lyon 2. Il m’appartenait à ce titre d’introduire à la brochure d’information distribuée aux étudiants à leur arrivée. L’intérêt de publier ce texte est peut-être mince. Il illustre ma conviction qu’on s’inscrit mieux dans une histoire quand on en connait le passé. Il appartiendra à chaque lecteur connaissant peu ou prou l’espace institutionnel héritier de celui qui est ici évoqué ou de ses homologues,, de trier entre ce qui est révolu et ce qui n’est pas si inactuel que cela en a l’air.

① Penser à Partir de la Pratique, G. GAILLARD, A.-N. HENRI, O. OMAY Ramonville St Agne, Érès, 2009 p

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Des adultes en auto-formation assistée (1982)

Ce texte reproduit une communication au colloque « Missions nouvelles pour les universités » organisé par l’université Lyon 2 du 3 au 5 mars 1982. Il présente deux actions de formation très proche dans leur esprit – un diplôme d’université dédié aux pratiques sociales dans une visée transdisciplinaire, et un régime d’études préparant aux diplômes nationaux de psychologie, qui était et est toujours sans équivalent en France.


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Théoriser à partir de la Pratique, Les fondements théoriques de la Formation à Partir de la Pratique (2004)

Ce texte reproduit deux extraits d’un ouvrage collectif dirigé par Patricia MERCADER et Alain-Noël HENRI et édité aux Presses Universitaires de Lyon① :
“La formation en psychologie. Filiation bâtarde, transmission troublée”①. On peut se procurer ce livre à l’adresse http://presses.univ-lyon2.fr/produit.php?id_produit=9

Rédigé pour sa plus grande part par l’équipe de la Formation à Partir de la Pratique (FPP) cet ouvrage vise à théoriser la pratique de ce régime original des études de psychologie, en le situant par rapport à l’histoire et aux spécificités de la formation universitaire à la psychologie en France. Mais en s’interrogeant sur le statut épistémologique de la théorisation
d’une pratique, il déborde très largement le cadre des dispositifs universitaires.
Ces deux extraits sont au cœur de ma contribution à cette tentative. Le premier ouvre, et le second ferme, la section de l’ouvrage intitulée “Le secret de famille et l’enfant improbable”.
Le premier formalise, sous une forme très condensée (d’où la longueur de la liste de mots-clés ci-dessous), les fondements théoriques de cette démarche. Il ouvrait sur un long détour par de multiples questions que je considérais comme des préalables nécessaires, et qui, parce qu’elles peuvent être par ailleurs considérées indépendamment de cette finalité, font l’objet de deux autres extraits mis en ligne séparément sur le site Traces.
Le second s’appuie sur la convergence de ce qui le précédait, pour développer une tentative de théorisation de « la pratique de formation à partir de la pratique » dans un cadre universitaire.
Entre ces deux extraits s’interposait un long détour, qui a été repris dans les deux textes intitulés respectivement :
“Psychologie, mésinscription et position identitaire : la psychologie dans la nébuleuse des pratiques nouvelles”
et “La psychologie empêtrée dans l’université du 20e siècle” ⑦
Ce détour était nécessaire pour entreprendre de répondre à la question initiale, qui était : quel sens
peut-on donner à l’existence durable, en un seul point de l’espace, de la Formation à Partir
de la Pratique. Et plus précisément de comprendre quel impact a eu la convocation originale
qui la définit sur un réseau complexe de failles que ces deux textes analysent longuement ⑦,
et qu’on peut ainsi énoncer : se « former en psychologie » est une entreprise qui peut être
intégralement menée à bien par un travail de théorisation à partir d’une pratique sociale.
Enfin un texte intitulé: “La Formation à Partir de la Pratique : un objet institutionnel singulier et improbable, comme affleurement d’une contradiction tenace” retrace la mise en place du dispositif FPP, à partir d’une armature initiale toujours en vigueur, et tente d’analyser la pérennité surprenante de son insertion dans l’appareil de la psychologie universitaire.

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Usages idéologiques et fantasmatiques du signifiant « équipe” : un objet idéal plaqué sur un nœud de contradictions (2013)

Ce texte est le produit d’une fusion entre une contribution à l’ouvrage collectif intitulé Faire équipe (G.AMADO et P. FUSTIER dir., Érès 2019), et de l’intervention faite au mini-colloque éponyme qui s’est tenu à l’ESCP Europe le
2/02/2013. Fusion qui se redouble d’une actualisation A partir d’une longue expérience de formation, et de supervision auprès de praticiens de la régulation sociale, l’article aborde l’emploi du signifiant “équipe” dans sa double
fonction idéologique et fantasmatique de masquage de contradictions spécifiques.
Une brève enquête sur sa filiation sémantique, à partir du vocabulaire naval, montre un basculement entre la représentation d’un équipement humain, qui ne se distingue pas à l’origine d’un équipement matériel, vers celle d’un groupe coordonné de sujets de pratique. Ce qui renvoie à la contradiction entre modèles de sociabilité proto-industriels et néo-industriels. S’y ajoutent des contradictions inconscientes, plus nettement perceptibles dans les pratiques non-productives : l’équipe est investie comme idéal du moi de la pratique, mais le paradoxe de l’appartenance – ce
“nous” qui est à la fois pour chacun “moi” et “non-moi” – conduit à des arbitrages compliqués, qu’on éclaire de la comparaison avec le rapport entre les membres d’un couple parental et l’entité fantasmatique”couple”.

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