L’institution comme espace pour le travail de remaniement psychique
Ce texte reprend et met à jour une intervention auprès d’un groupe de professionnels « soignants » d’un grand hôpital psychiatrique de Lyon. La question qui m’avait été transmise était énoncée : “l’institution soigne-t-elle? ».
Tenter de répondre à la question supposait d’abord d’en clarifier les termes.
Dans son contexte, le mot « institution » désigne couramment les établissements et services voués à la réduction de la mésinscription. Les positions pré-oedipiennes sont systémiquement dominantes dans sa structure.
En revanche, l’usage du mot « soigner » se révèle si surdéterminé qu’il doit être contourné pour retrouver les véritables tenants et aboutissants de la question.
Après ce détour critique, c’est dans une perspective psychanalytique que la question devient : en quel sens l’institution favorise-t-elle l’alliance entre les praticiens qui y oeuvrent, et le travail psychique des objets de leur pratique tentant, comme tout le monde, d’advenir comme sujets, c’est-à-dire d’introduire plus d’unité dans le chaos des pulsions ?
Ce sont les liens transférentiels qui servent de ce cadre à cette alliance. Même si leur destin diffère de celui qu’induit le cadre de la cure analytique.
Si l’institution en elle même ne participe nullement à cette alliance, elle est un objet fantasmatique qui se prête puissamment aux projections transférentielles – outre que son organisation peut plus ou moins laisser d’opportunités au jeu des transferts croisés entre praticiens et objets de pratique .